Révélation française du VTT cross-country, Joshua Dubau aborde la saison 2025 avec des ambitions assumées : gagner en Coupe du monde. Fort de ses progrès constants au sein du Decathlon Ford Racing Team, il revient sur les moments clés de son ascension, son rôle dans le développement du Rockrider Race 940 S, et la manière dont il aborde l’effort pour dominer ses adversaires. Objectif : repousser ses limites, encore et toujours.
Quand tu regardes dans le rétro, qu’est-ce qui t’impressionne le plus dans ton évolution de ces trois dernières saisons ? Et est-ce que c’est un changement mental, physique ou une meilleure connaissance de toi-même ?
« Je pense que mon évolution est étroitement liée à celle de l’équipe. Le matériel, notamment le vélo, a beaucoup progressé au cours des trois dernières saisons. En parallèle, j’ai aussi appris à mieux me connaître. J’avais de bons résultats dans les catégories jeunes, mais le passage en Élite demande parfois un temps d’adaptation. La confiance joue également un rôle essentiel : c’est elle qui permet d’aborder sereinement les grandes courses. »
Est-ce qu’il y a un moment précis où tu t’es dit : là je suis passé dans une autre dimension ?
« Oui. Je pense à la première manche de la Coupe du monde XCO à Nové Město en 2023 où j’ai joué la victoire avec Tom Pidcock. Mon objectif était alors clair : monter sur le podium. Si bien que c’était vraiment top de pouvoir prétendre à la première place. J’ai réalisé que j’avais ma place aux avant-postes et qu’il y avait des possibilités. À partir de là, mes aspirations ont changé. »
Tu y repenses souvent à cette bataille avec Tom Pidcock ?
« Oui, car cela reste une référence importante. Mais j’ai aussi mené d’autres belles batailles. Certaines victoires m’ont même davantage marqué. Je pense notamment à mon année chez les Espoirs, avec un titre de Champion d’Europe et plusieurs succès en Coupe du monde. »
« Mon leitmotiv, c’est toujours d’essayer de faire mieux »
Comment est-ce qu’on garde la foi quand une blessure te coupe en plein élan comme ce fut le cas la saison passée pour toi ? (Une luxation au coude, NDLR)
« Ce n’est pas évident, car il y a des moments plus difficiles que d’autres. On sait qu’une carrière d’athlète de haut niveau n’est pas faite que de haut. Il faut savoir rebondir et ne pas ressasser le passé, car on ne peut pas le changer. La seule chose qu’on peut faire, c’est apprendre, essayer de progresser et évoluer. Il faut d’emblée se projeter sur la suite. C’est comme ça que j’arrive à me construire. Une blessure peut être difficile à vivre quand on ne connaît pas exactement les délais de guérison. Mais une fois qu’on a des échéances, c’est plus facile de se projeter. C’est ce qui m’a rendu les choses plus faciles mentalement l’an passé. »
Tu as annoncé vouloir gagner en Coupe du monde cette saison. Qu’est-ce que tu mets en place de différent pour que cette ambition devienne une réalité ?
« Nous essayons de tout optimiser. Avec l’équipe, nous allons sûrement mettre en place des stages en altitude. C’est aussi de la réflexion et du travail personnel avec mon entraîneur. Je vais repousser les limites, et grappiller certaines choses au niveau de l’entraînement. Mon leitmotiv, c’est toujours d’essayer de faire mieux. Il faut répéter ce qui a bien marché, et progresser sur ce qui n’a pas trop fonctionné. Il faut toujours chercher à optimiser au maximum, sans aller trop loin. »
J’ai cru comprendre que tu adores tester du matériel. Qu’est-ce qui t’excite le plus dans le développement du Rockrider Race 940 S ?
« Ce qui me plaît le plus, c’est d’avoir un véritable impact. En tant qu’athlète, c’est à la fois motivant et valorisant de participer aux décisions et aux évolutions. Contribuer, par notre retour, à faire progresser le matériel et les sponsors, c’est essentiel. Quand on arrive au bout d’un cycle de développement et qu’on sait que le matériel a évolué grâce à nous, on ressent une vraie satisfaction. On sait exactement ce qui a été amélioré, les étapes franchies, les problèmes surmontés. Être impliqué dès le départ et voir le produit final aboutir, c’est très gratifiant. Et quand ça fonctionne, on en est d’autant plus fier. On se sent pleinement partie prenante de l’aventure avec nos partenaires, et c’est une fierté de pouvoir continuer à faire avancer les choses avec eux. »

Quand tu es dans une montée où tout brûle, à penses-tu ?
« J’essaie d’abord de rester concentré sur mes objectifs. Quand je me sens bien, je découpe mentalement le parcours en plusieurs sections, que je franchis les unes après les autres. En descente, l’objectif est d’être rapide tout en restant fluide, pour économiser de l’énergie et garder de la lucidité. En montée, il faut attaquer, mais aussi savoir en garder sous le pied pour pouvoir relancer ensuite. Je fais aussi attention au moment de la course où je me trouve. Quand les jambes brûlent, la stratégie dépend de la situation : si je suis seul ou en duel. En confrontation, je me dis que si j’ai mal, mon adversaire aussi. Dans ce cas, je préfère être devant : c’est moi qui impose le rythme, et ça peut le faire craquer. Tandis que si je suis dans sa roue, c’est lui qui mène, et je subis davantage. »
Donc tu préfères être le chassé que le chasseur ?
« Oui, j’aime bien jouer avec mes adversaires (rires). Ce que j’apprécie, c’est être en tête et contrôler l’écart. Mon objectif n’est pas forcément de creuser un grand écart — une victoire reste une victoire, même avec une seconde d’avance. Ce que j’aime, c’est observer les réactions quand les poursuivants accélèrent pour revenir. Dans ces moments-là, j’aime pouvoir relancer à mon tour, leur mettre un coup au moral et leur faire comprendre qu’ils n’arriveront pas à recoller. »

Les coulisses de cet interview
Quand s’est-elle déroulée ?
Samedi 26 avril 2025
Comment ?
En face à face
Où ?
À Guéret lors de la deuxième manche de la Coupe de France de VTT, dans le camping-car du Decathlon Ford Racing Team
Quel était l’état d’esprit de Joshua Dubau ?
Très cool. Il venait de participer à l’entraînement libre. Le lendemain, il s’est classé troisième de la course Élite.