Maxime Marotte (Origine Racing Division) : « De multiples podiums en Coupe du monde »

Figure emblématique du VTT français, Maxime Marotte a troqué le dossard pour la casquette de team manager au sein de l’équipe Origine Racing Division, engagée en Coupe du monde de cross-country. Rigoureux, passionné et toujours en quête de sens, il nous parle sans détour de ce nouveau défi, du début de saison de son équipe, de l’évolution du matériel et de sa vision du haut niveau.

Qu’est-ce qui t’a séduit dans le fait d’endosser ce rôle de team manager ?

« C’est quelque chose que j’avais dans un coin de ma tête depuis longtemps. C’était même un projet commun avec Mathieu Durand, mon ancien manager. Origine Cycles avait la volonté de s’engager en Coupe du monde de VTT cross-country. L’opportunité s’est présentée, et le projet s’est construit petit à petit. J’estime être légitime dans ce rôle de team manager, grâce à mon expérience et mon passé de coureur professionnel. »

En tant que coureur, tu as toujours eu une approche très structurée. Comment as-tu transposé cette rigueur dans ton rôle de team manager ?

« Les gens qui me connaissent savent que je suis perfectionniste. J’ai cette rigueur depuis que je suis jeune parce que je n’étais pas naturellement hyper doué. Malgré ça, j’ai compris que l’engagement et le travail permettent d’aller loin. Je ne devais pas me laisser emporter par mes émotions. C’est quelque chose que j’essaie de transposer dans le rôle de team manager. »

En quoi le fait d’être un ancien coureur constitue un atout dans ton rôle de team manager ?

« Les teams managers ne sont pas toujours d’anciens coureurs, et inversement, avoir été athlète ne fait pas automatiquement de toi un bon chef d’équipe. Cela dit, avoir cette expérience aide : on comprend mieux ce qui se passe dans la tête des coureurs, y compris les réactions parfois irrationnelles qu’on ne peut pas comprendre si on n’est pas un ancien vététiste professionnel. Un athlète de haut niveau doute bien plus qu’on ne l’imagine, simplement parce qu’il a appris à dissimuler ses émotions. Quand on l’a vécu de l’intérieur, on le comprend mieux. »

Quel regard portes-tu sur le début de saison de l’équipe ?

« Le début de saison de l’équipe est plutôt bon. L’ouverture de la Coupe de France à Marseille s’est bien passée, comme la première manche de Coupe du monde au Brésil où Mathis Azzaro est monté sur le podium de la course short track. La deuxième manche, toujours au Brésil, a été un peu décevante, car nos coureurs sont tombés malades. C’est un couac indépendant de notre volonté. On peut se dire que nous n’avons pas eu de chance, mais ça ne doit pas empêcher de tirer des leçons. Il faudra trouver du budget afin de pouvoir emmener notre chef cuisinier sur les manches disputées hors du continent européen. »

À quoi pourrait-on reconnaître que la première saison de l’équipe est une réussite ?

« De multiples podiums en Coupe du monde. C’est notre objectif. Nous avons les athlètes pour le faire. Une victoire de Mathis ou Martina Berta sera la cerise sur le gâteau. À côté de ça, nous voulons faire passer un cap à Ronja Eibl et Knut Rohme. C’est ambitieux, mais ça correspond aux objectifs fixés par Origine. Ils ont l’envie de bien faire. Nous avons monté un projet qui correspond à ce que la marque recherche. Nous faisons de la compétition pour briller. »

Quand tu regardes Mathis Azzaro ou Martina Berta rouler, est-ce que tu te revois, ou est-ce un autre « langage VTT » ?

« Pour certaines choses, je me revois. Il faut dire que le sport a changé, et plutôt en bien. Physiquement, ce sont des athlètes moins endurants, mais plus explosifs. C’est une caractéristique qui m’a manqué dans ma carrière. Dans l’état d’esprit, ça reste similaire. Ils sont posés, calmes et ils ont beaucoup d’envie. Si bien qu’il faut contrôler leur énergie. Ce sont des personnes simples qui ne se prennent pas la tête, et ça me convient. »

Quelle dynamique as-tu envie d’insuffler à l’équipe : plutôt machine de guerre ou laboratoire d’idées ?

« Un mélange des deux ça serait intéressant, mais je choisis plutôt un laboratoire d’idées. Notre force, c’est de se démarquer par de l’imagination et une certaine façon de faire. »

Ces dernières saisons, quelle est selon toi l’innovation la plus marquante ?

« L’arrivée des suspensions électroniques. Ça change beaucoup de choses et ça va continuer de révolutionner notre sport. Nous rajoutons une variante au travail technique. Nous retravaillons en permanence le logiciel pour faire en sorte qu’il corresponde à nos coureurs. Ça inclut beaucoup de travail avec le partenaire technique. »

Avec les progrès en géométrie, suspensions et pneus, est-ce qu’on n’a pas perdu un peu le côté « engagé » ou instinctif du pilotage VTT ?

« Comme je le disais précédemment : notre sport a changé. Nous évoluons sur des circuits artificiels, si bien que le pilote a évolué. Ça change aussi la façon dont on développe le matériel. Les pilotes sont plus complets. Ils sont capables de faire plus de choses qu’avant et les vélos aussi. Tout ça, c’est bénéfique au consommateur et ça lui permet d’être plus en confiance au guidon. »

Les amateurs rêvent souvent de vivre une journée dans la peau d’un pro. Qu’est-ce qui les surprendrait le plus selon toi ?

« Les à-côtés et tout ce qu’il faut faire pour être au top niveau. Les amateurs pensent qu’il suffit de pédaler, mais non. Les coureurs professionnels passent beaucoup de temps à travailler leur respiration ou à pendre soin de leur corps en se rendant chez le kinésithérapeute ou l’ostéopathe. C’est très chronophage. Il y a aussi les écarts alimentaires qui sont proscrits. Tout ce travail n’est pas visible. De plus, aujourd’hui, il y a l’aspect communication à travers les réseaux sociaux. Comme les voyages, ça prend du temps et de l’énergie. »

As-tu déjà croisé un amateur dont le regard ou les remarques t’ont aidé à progresser ou à voir les choses autrement ?

« Ça peut arriver qu’on discute avec de très bons coureurs amateurs qui sont très sérieux dans l’entraînement et qui peuvent inspirer. Les amateurs nous amènent à porter un regard différent sur notre sport. Ils voient les choses différemment et ça permet de prendre du recul sur qui nous sommes et comment nous paraissons. »

Ce week-end, le team Origine Racing Division participe à la troisième manche de la Coupe du monde de VTT cross-country à Nové Město (République Tchèque).